Avec des films dans ma poche...

Ce mardi 2 février 2021 matin, je suis allé au Lycée de la Calade dans le 15ème arrondissement de Marseille pour la Mission Gagarine. Pendant ce temps, Amélie et Prune étaient au Collège Vallon des Pins pour la même chose. Dans ta poche une clé USB sur lesquels se trouvent 2 courts métrages (Chien bleu et Gagarine) et un message vidéo des réalisateurs de ces 2 films. Quand tu arrives dans la salle choisie par le professeur pour installer la Mission Gagarine, il faut tout de suite allumer l’ordi, le VP et tester. Trouver le bon lecteur multimédia, écouter comment sort le son (pas terrible en général), l’écran qui est souvent un tableau blanc. Pas des super conditions mais c’est le deal, en mode on déboule avec ces 2 films on envoie et on discute. En général on arrive toujours à créer a minima un dispositif correct….


Quand les élèves arrivent, le public, tu sens dans les regards une sorte d’incompréhension sur le pourquoi de ta présence. Les rideaux sont tirés. Tu commences par dire d’où tu viens, l’Alhambra. Statistiquement les 2/3 connaissent, y sont venus, se rappellent, enfants, avec le centre aréré et une première connection s’établit : tu n’es pas un simple inconnu. Tu poursuis : le cinéma est fermé, habituellement c’est vous qui venez chez vous, du coup on s’est dit que là on allait inverser la proposition. On vient avec des films, mais ce sont des courts métrages, sessions d’une heure, on aime ces films, envie de les partager ….


Tu démarres et tu sens qu’il se passe quelque chose, un moment où le temps se suspend. Je suis moi même saisi, alors que je les ai vus une bonne dizaine de fois. Installé au fond de la classe, tu prêtes attention à un plan que tu n’avais pas vraiment remarqué encore. La musique va surgir, tu l’attends, tu l’apprécies et tu ressens cette petite émotion liée au fait que tu n’es pas seul, qu’ils vont peut-être eux aussi être touchés ..


3 séances ce matin, de 9h à 12h. Des élèves de premières en option métiers de la mode, et des posts bacs qui préparent des possibles BTS. Monsieur il y a de la mixité dans ces films, les personnages ont un but, mais pourquoi le bleu ? Il est xénophobe le père pour avoir peur de sortir ? Peur de la Covid ? Il veut réparer la cité …

 
Puis tu montres l’affiche du long qui doit arriver dans nos salles, et tu diffuses les 3 mn du message vidéo des cinéastes Fanny Liatard et Jerémy Trouilh, les élèves apprécient beaucoup, voir à quoi ils ressemblent, leurs voix, leur regards, ce qu’il disent… Un petit message pour un grand effet. 
C’est fini, la sonnerie retentit (en fait une musique dans la quasi totalité des établissements maintenant). Quelques mots des enseignants qui en général aiment beaucoup les films, 4 en tout ce matin. Au total 40 personnes dans ce lycée ce matin dont une majorité de jeunes issus des cités voisines : Campagne l’Evèque, la Calade…


Tu es saisi d’une émotion en partant, un vrai plaisir de découvrir tous ces lieux, rencontrer cette jeunesse, ces enseignants, le cinéma qui permet d’échanger ensemble après, déposer quelque chose, un moment éphémère, un peu de poésie, d’évasion sans être déconnectés …
Avec des films dans nos poches on se rend compte que la salle de cinéma au sens mythique du terme a de beaux jours devant elle tant ces moments vécus à plusieurs sont uniques et nécessaires ….


Je vais aller rassurer les fauteuils de la grande salle, leur dire de ne pas s’inquiéter, des dos, des fesses et des jambes reviendront assurément les occuper … quand ? Telle est la question !

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